Perspectives : Cette rubrique est un véritable outil pour le directeur financier ou le credit manager dans l'entreprise. Elle informe sur les moyens de paiement à utiliser et sur la façon de mener des actions de recouvrement.
Dynamisme économique soutenu par une véritable stratégie industrielle
La croissance économique s’est inscrite au-dessus des 6% en 2023, principalement tirée par la consommation privée, en lien avec les mesures de soutien au pouvoir d’achat, la multiplication des plans de développement industriel (agro-industrie, chimie-plasturgie, matériaux de construction, pharmacie, industrie textile, emballages et pièces de recharge et automobile), ainsi que la production agricole, en particulier le cacao dont le prix garanti par le gouvernement a été revalorisé pour la campagne 2022-2023. En 2024, l’activité économique devrait rester dynamique, toujours soutenue par l’essor des activités industrielles, mais aussi la modération de l’inflation, avec un retour prévu en dessous de l’objectif régional de 3%, ainsi qu’une amélioration de la demande mondiale. Les investissements publics resteront importants, en particulier dans les infrastructures et équipements collectifs, dans le cadre du Plan national de développement (PND, 2021-2025) (extension du port d’Abidjan, construction d’un métro à Abidjan …). Ces projets du PND, ainsi que les réformes du programme PEPITE (Programme économique pour l’innovation et la transformation des entreprises) visant à améliorer l’environnement des affaires et à promouvoir le développement des chaînes de valeur dans une quinzaine de secteurs (simplification du système de taxation des entreprises, financement pour les PME, création de nouvelles zones industrielles notamment autour de la transformation du cacao, de l’anacarde, du caoutchouc et des minerais) soutiendront l’investissement privé, malgré les conditions de financement dégradées par les politiques monétaires restrictives. La tenue de la Coupe d’Afrique des nations de football début 2024, a permis de soutenir le secteur de la construction en 2023 en raison des besoins en infrastructures importants, et devrait porter le secteur touristique et, indirectement, la consommation, l’année prochaine, alors que le gouvernement a lancé un nouveau programme « Sublime Côte d’Ivoire » (coût de 3,2 milliards de FCFA) destiné à développer davantage ce secteur. Le commerce extérieur bénéficiera de la hausse de la production pétrolière et gazière en raison de la récente mise en exploitation par le groupe italien ENI d’un important gisement off-shore (projet Baleine). Le lancement de la production a commencé en 2023 et devrait s’intensifier en 2024. La croissance économique de la Côte d’Ivoire devrait donc être nettement plus dynamique que celle de la moyenne des pays d’Afrique Sub-saharienne en 2024.
Une légère réduction à venir des déficits jumeaux
Si le déficit public doit se réduire progressivement, il restera au-dessus de la cible de 3% du PIB, préconisée par l’Union économique et monétaire ouest-africain (UEMOA) en 2023 et 2024. En effet, afin d’atténuer l’impact de la hausse des prix sur le pouvoir d’achat des ménages, les dépenses sociales sont restées importantes en 2023. Néanmoins, elles devraient décliner en 2024 en raison de la réduction des tensions inflationnistes et de la volonté de l’état de remplacer les subventions (sur les produits alimentaires et les carburants principalement) par des aides financières ciblant les ménages les plus modestes. Cependant, les nombreux plans d’investissement public continueront d’alimenter les dépenses, alors que le pays rencontre encore des difficultés à mobiliser des ressources fiscales, bien que des nouvelles mesures soient mises en place. En effet, l’assiette fiscale devrait s’élargir en lien avec le nouveau programme du FMI, approuvé en mai dernier, s’étalant sur 40 mois, assorti d’un crédit de 3,5 milliards de dollars (dont 495 millions immédiatement versés), qui vise, entre autres, à améliorer l’environnement des affaires en réduisant les formalités administratives, en simplifiant l’impôt sur les sociétés et en luttant contre la corruption et l’informalité, ce qui devrait augmenter la fiscalité directe. Les revenus de l’Etat devraient donc progresser en 2024 et atteindre 16% du PIB, un niveau qui reste néanmoins bien inférieur aux 20% recommandés par l’UEMOA. L’endettement extérieur (36% du PIB à fin 2022), notamment les financements multilatéraux (29% de la dette extérieure, à comparer aux 52% et 16% représentés respectivement par les créanciers commerciaux et bilatéraux) sera privilégié à l’endettement domestique (21% du PIB), composé essentiellement de titres en franc CFA relativement coûteux émis sur le marché régional. La croissance élevée et la diminution du déficit devrait enfin permettre une réduction du poids de la dette, dont la part domestique a considérablement augmenté depuis 2019. Par ailleurs, alors que ...